16/12/2013
Ennemi d’Etat (Enemy of the State), de Tony Scott
Big Brother au service de l’Etat
Ennemi d’Etat (Enemy of the State)
C’est un thriller efficace et au rythme effréné. On y voit Will Smith dans le rôle d’un honnête citoyen poursuivi par des agents de la puissante NSA (National security agency). Ce film, antérieur aux attentats du 11 septembre 2001 et à l’affaire Snowden, montre les formidables moyens technologiques dont dispose un Etat démocratique pour espionner sa population.
Ennemi d’Etat (Enemy of the State) est à déconseiller à ceux qui ne supportent pas les plans de moins de cinq secondes, car, dans les scènes de poursuites, les images s’enchaînent à un rythme effréné. En revanche, si vous acceptez la rapidité du tempo imposé par le réalisateur Tony Scott, alors vous passerez un bon moment.
Tony Scott a l’habileté de faire démarrer deux intrigues en parallèle. D’un côté, un directeur de la NSA (National security agency) fait liquider un élu du Congrès qui veut faire échouer le vote d’un amendement renforçant les pouvoirs de l’agence ; mais l’assassinat est filmé par un témoin. D’un autre côté, un avocat spécialisé en droit du travail, Robert Dean, fait pression sur un chef mafieux en lui faisant visionner une cassette vidéo très compromettante pour lui ; le gangster veut absolument récupérer ladite cassette. Or, par le plus grand des hasards, le même Robert Dean va se trouver également en possession de l’enregistrement de l’assassinat du député. Les services de l’Etat déploieront tous leurs moyens pour mettre la main sur cet enregistrement. D’où une course-poursuite contre Robert Dean et un qui-propos sur la cassette à récupérer, puisqu’il y en existe deux qui n’ont aucun rapport entre eux.
Le spectateur tremble d’autant plus pour Robert Dean que Tony Scott a repris le principe hitchcockien du héros mis en danger auquel le spectateur peut s’identifier. En plus, ce qui est terrifiant, c’est la disproportion de moyens : le citoyen est tout seul pour se défendre, tandis que les services de l’Etat disposent d’outils impressionnants pour atteindre leurs objectifs : ordinateurs, puces électroniques, hélicoptères, satellites…
Heureusement pour Robert Dean, il tombe sur un ancien agent de la NSA qui finit par l’aider et lui révéler les formidables moyens de l’agence : « A fort Meade, il y a neuf hectares de réseau informatique dans le sous-sol. Si tu appelles ta femme et lui dit les mots « bombe », « président », « Allah », l’ordinateur les reconnaît et les marque en rouge pour analyse, et c’était il y a vingt ans ! Pour un Hubble ils ont plus de cent satellites qui nous observent. Dans le temps, il fallait brancher un film sur ta ligne téléphonique. Maintenant que les appels rebondissent sur les satellites, on les capte à la volée ».
Un film qui anticipe le Patriot Act
Ennemi d’Etat date de 1998. Autrement dit, il est antérieur aux attentats du 11 septembre 2001 et à la législation qui a suivi. D’une certaine manière, il anticipe le Patriot Act et toutes les mesures, justifiées ou pas, de renforcement de la sécurité intérieure aux Etats-Unis. Il prend en plus une résonnance particulière avec l’affaire Snowden et la révélation au grand jour des écoutes de la NSA. En somme, ce film pose le problème de l’équilibre à trouver entre les libertés individuelles et la sécurité d’un pays.
Ennemi d’Etat est un thriller efficace qui se situe dans la lignée des Trois Jours du Condor (Three Days of the Condor) de Sidney Pollack, tourné en 1975 après le scandale du Watergate et les révélations sur les agissements de la CIA. Depuis, le monde a changé, les technologies se sont développées ; et le cinéma, lui aussi, a changé, d’où, dans Ennemi d’Etat, ce rythme trépidant et cette succession de plans brefs qui peut décourager certains spectateurs.
Ennemi d’Etat (Enemy of the State) de Tony Scott (1998), avec Will Smith, Gene Hackman, John Voight et Lisa Bonet, DVD Buena vista entertainement.
09:21 Publié dans Film, Policier, thriller, suspense | Tags : ennemi d’etat, enemy of the state, tony scott, will smith, gene hackman, john voight, lisa bonet | Lien permanent | Commentaires (0)
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