17/03/2014
La Rivière rouge (Red River), de Hawks
John Wayne peu sympathique mais fascinant
La Rivière rouge (Red River)
C’est le premier western de Howard Hawks avec John Wayne. Droit dans ses bottes, John Wayne joue le rôle d’un éleveur inflexible et dur avec ses hommes. Le jeune Montgomery Clift va oser défier son autorité. La tension est permanente dans ce western qui marque le spectateur.
Tom Duncan est un self-made man. Parti de rien, il s’installe dans une partie du Texas où les Indiens et les desperados font la loi. Il bâtit un ranch qui prospère au fil des années. Mais bientôt il s’aperçoit que l’élevage ne rapporte plus autant que par le passé. Il se décide à vendre dix-mille têtes de bétail qu’il va acheminer jusqu’au Missouri. Pour ce long voyage, il est accompagné de son fils spirituel Matthews, un garçon d’une vingtaine d’années qu’il a recueilli autrefois.
Le voyage n’est pas de tout repos. Tom, Matthews et les cow-boys qu’ils ont recrutés, font une traversée éprouvante. Ils doivent avaler des kilomètres de poussière dans le désert. Ils doivent supporter la soif et la faim, et sont menacés par les Indiens. Accablés de fatigue, en proie au découragement, un certain nombre d’hommes parlent de faire demi-tour, ou tout au moins d’obliquer vers Abilène, qui offre l’avantage d’être beaucoup plus près. Mais pour Duncan, il n’en est pas question. Il a prévu d’aller dans le Missouri, donc il ira dans le Missouri, que cela plaise ou non. La force de sa volonté ne peut que susciter l’admiration.
Un jour, un cow-boy, par sa maladresse, provoque un accident mortel. Tom décide de le punir et le fait fouetter. Tom nous paraît dur. Nous serions tenté de prendre nos distances avec lui, mais en même temps nous ne pouvons pas perdre de vue que l’homme qui est puni a provoqué, par son imprudence, la mort de l’un de ses camarades.
Une nuit, trois hommes s’enfuient avec des vivres. Tom en perd le sommeil et n’a plus qu’une seule idée en tête : les retrouver et les punir. Plus décidé que jamais à atteindre la destination prévue, il exige encore davantage d’efforts de sa troupe. Quand Matthews lui fait remarquer que les hommes sont morts de fatigue, Tom lui rétorque : « Tant mieux ! Ainsi ils ne penseront pas à s’enfuir ! » Sa détermination tourne à l’entêtement. Il refuse d’obliquer vers Abilène où il pourrait tout aussi bien vendre son bétail. Non ; rien ne le fera dévier de son chemin. Quand deux des fuyards sont retrouvés, il décide de leur infliger une peine exemplaire qui fera réfléchir tout le monde : les deux hommes seront pendus. Là nous sommes horrifié ! Le jeune Matthews, qui a toujours respecté l’autorité naturelle de Tom jusqu’ici, va-t-il laisser faire ou va-t-il enfin oser se dresser contre Tom ?
Un John Wayne inhabituel aux cheveux longs
La Rivière rouge (Red River) est le premier western de Howard Hawks. C’est aussi la première fois qu’il dirige John Wayne. John Wayne joue le rôle du peu sympathique mais fascinant de Tom Duncan. Par sa dureté, l‘acteur annonce le personnage qu’il jouera dans La Prisonnière du désert (The Searchers), de John Ford. Fait inhabituel, il porte les cheveux longs dans le cout, suivant la mode des cow-boys des années 1860.
Joanne Dru joue le rôle d’une jeune femme qui, comme souvent chez Hawks, aura un rôle déterminant dans l’histoire. Quant au jeune Matthews, il est incarné par Montgomery Clift, échappé de l’Actor Studio pour cette confrontation avec John Wayne.
La Rivière rouge est un film charnière dans l’œuvre de Hawks, un réalisateur qui aura dirigé des films très différents par leur forme, d’un bout à l’autre de sa carrière. Son Scarface, en 1931, l’un des premiers films de gangsters, était très rythmé ; surtout, il était d’une violence inouïe pour l’époque, au point qu’il provoqua une réaction des pouvoirs publics et l’édiction d’un code de bonne conduite morale pour les studios de production. Ici, en 1948, dans La Rivière rouge, la violence est toute relative et le rythme est encore assez soutenu. Par la suite, Hawks retrouvera John Wayne pour trois autres westerns, dont Rio Bravo, au rythme plus lent et à l’atmosphère nonchalante.
La musique de La Rivière rouge est signée de Dimitri Tiomkin. Les amateurs noteront qu’il réutilisera la musique du générique dans Rio Bravo. Il en tirera une chanson, My Rifle, my poney and me, interprétée en duo par Dean Martin et Ricky Nelson.
La Rivière rouge (Red River), de Howard Hawks (1948), avec John Wayne, Montgomery Clift et Joanne Dru, DVD Wild Side Video.
09:05 Publié dans Film, Western | Tags : la rivière rouge, red river, hawks, john wayne, montgomery clift, joanne dru, walter brennan, dimitri tiomkin | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.